UN BANDIT QUI RETOURNE SA VESTE

UN BANDIT QUI RETOURNE SA VESTE

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(Yak Rivais)

THÈME

Le détective Holmes et son second Watson ont une énigme à résoudre: l’homme effondré au milieu

des poubelles est-il le bandit recherché ? Mais au fait… est-il droitier ou gaucher ?

NOMBRE DE PERSONNAGES: de 10 à 12 Deux personnages principaux qui dialoguent: Holmes et

Watson; des personnages muets: le bandit, les enfants sur des planches à roulettes (5 ou 6), les

policemen (2 à 4).

SUGGESTIONS POUR RÉALISER LE SPECTACLE

Les costumes : Holmes est vêtu d’un imperméable, d’un chapeau en tweed (ou autre), il a une pipe.

Watson a un pantalon trop long et trop large, un imperméable étriqué, un chapeau ridicule et, pour

la scène de la bagarre, des vêtements à peu près identiques mais déchirés et sales, la marque

d’une bosse sur le front (à grimer avec du crayon à maquiller marron).

Le bandit porte une veste, un pantalon, un masque, des souliers trop grands afin de pouvoir les

porter à l’envers.

Les enfants sont en culottes courtes, en shorts, en jupes… Les policiers portent des vêtements

foncés, si possible un képi (à confectionner avec du papier fort), des revolvers (en carton ou en

plastique) à la ceinture.

Les décors: le décor de fond représente les maisons d’une rue avec un hôtel de ville orné d’une

pendule. Le côté gauche de la scène est masqué par un mur en carton sur lequel on a dessiné des

briques ou des pierres. Sur le côté droit, un panneau pour

indiquer un sens giratoire.

La mise en scène : pour leur entrée en scène, Holmes et

Watson se dirigent vers le mur. La mise en scène est ensuite

indiquée dans le texte de la pièce.

Les accessoires : Une pipe pour Holmes, des planches à

roulettes pour les enfants, un gourdin, un sifflet, des poubelles

ou des boîtes en plastique ou en métal pour bruiter la chute du

bandit.

LA PRÉPARATION

L’enseignant, ou un élève bon lecteur, lit le thème de la pièce. La classe lit ensuite le texte en

lecture silencieuse. Chacun choisit un personnage et par groupe de 3 (Watson, Holmes, le lecteur),

les élèves lisent à voix haute en se répartissant dans différents coins de la classe, dans le couloir…

Le texte est appris. Certains enfants se proposent pour dire la pièce (l’enseignant doit solliciter

certains trop timides). La classe choisit ses interprètes.

Pour cette pièce, il conviendra de travailler en particulier :

— les allures de Holmes et Watson, leur façon de parler, de se déplacer,

— la condition d’essoufflement de Watson,

— les déplacements des enfants en planches à roulettes,

— la chute des poubelles,

— les entrées et sorties des acteurs,

— la marche à reculons du bandit.

 

UN BANDIT QUI RETOURNE SA VESTE

(Yak Rivais)

5 PERSONNAGES

Holmes — Watson — le bandit — des policemen — un enfant

La scène se passe dans les rues.

WATSON, marchant, s’arrêtant :

— Voyez, monsieur Holmes. Les traces de pas s’arrêtent au pied de ce mur infranchissable.

HOLMES :

— En effet, Watson. Et je ne vois ni traces d’échasses, ni traces d’un envol quelconque en

montgolfière.

WATSON :

— Ça se complique!

HOLMES :

— Je crois deviner. Vous rappelez-vous cet homme à la démarche raide que nous avons croisé à

l’entrée de l’impasse ?

WATSON :

— Serait-ce l’homme que nous poursuivions ? Mais dans ce cas ? N’aurait-il pas laissé de nouvelles

empreintes de pas en sens inverse?

HOLMES :

—Il pouvait marcher à reculons dans ses propres traces. Ou avoir chaussé ses souliers devant

derrière. Venez, Watson ! Suivons en sens inverse les traces qui nous ont amenés ici : notre

homme est au bout !

(Ils marchent.)

WATSON, essoufflé :

— Pas si vite hhh monsieur Holmes hhh je n’arrive pas à vous suivre !

HOLMES :

— Suivez-moi Watson ! Venez donc !

WATSON, essoufflé :

— Nous arrivons sur une place hhh publique hhh ! Il y a même un sens hhh giratoire !

HOLMES :

— Observez, Watson ! Notre homme l’a emprunté en sens inverse !

(Ils tournent.)

WATSON, essoufflé:

— Monsieur Holmes ! hhh voilà trois fois que nous faisons le tour hhh de cette place ! Je reconnais

la pendule hhh au fronton de l’hôtel de ville !

HOLMES s’arrête, Watson auss i:

— Notre homme a fait le tour une fois de plus ! Regardez, Watson ! Regardez ! Ces enfants qui

jouent à la planche à roulettes ne vous apprennent-ils rien ?

(On voit un enfant pleurer en se tenant la joue droite.)

WATSON :

— Heu hhh non.

HOLMES :

— Notre homme est gaucher, Watson ! Regardez l’enfant !

WATSON :

— Je vois, monsieur Holmes. Il n’a pas de planche à roulettes et il pleure. Sans doute parce qu’on la

lui a prise.

HOLMES :

— En effet, Watson. Mais encore ?

WATSON :

— Heu…

HOLMES :

— Voyez sa joue rouge ! Il a reçu une gifle ! Observez ! Sur quelle joue, Watson ?

WATSON :

— La… la gau… Non, la droite, monsieur Holmes.

HOLMES :

— Oui, Watson ! Notre homme l’a giflé de la MAIN GAUCHE pour lui arracher sa planche à roulettes

et pour fuir dessus !

WATSON :

— Sapristi ! (L’enfant s’en va, en claudiquant.)

HOLMES :

— L’homme n’ira pas loin, Watson ! Observez la démarche de l’enfant ?

WATSON :

— Je ne vois rien, monsieur Holmes.

HOLMES :

— L’enfant est boiteux ! Donc il a une planche déréglée ! Notre homme ne tardera pas à se casser

la figure, Watson ! Et voyez-le justement ! Effondré parmi les poubelles ! (Il désigne quelque chose

en coulisse.)

WATSON, excité :

C’est notre homme! Vous aviez raison !

HOLMES :

— Emparez-vous de lui, Watson !

WATSON, hésitant :

Il a l’air furieux, et c’est un gaillard, monsieur Holmes. Et en outre, il brandit un impressionnant

gourdin.

HOLMES :

N’ayez crainte, Watson. Observez ! Dans quelle main tient-il son gourdin ?

WATSON :

— Heu… La… la droite… HOLMES : Or il est gaucher ! Rappelez-vous !

WATSON :

— C’est vrai, ça! J’y vais !

Rendez-vous, canaille!

(Watson fonce en coulisse appréhender l’homme. On entend un grand fracas de poubelles

renversées, des coups et des cris. En même temps, Holmes tire un sifflet de sa poche et il souffle

dedans. Des policemen accourent, traversent la scène et foncent dans les coulisses. Watson

revient, il a une ENORME bosse sur le crâne, ses vêtements sont salis, déchirés. Il titube.)

HOLMES :

— Watson! Watson! Revenez à vous, mon vieux!

WATSON, étourdi:

— Heu? Que? Je… Où que je suis-je? Bonjour monsieur Holmes. How do you do?

(Les policemen reviennent sur scène, encadrant le bandit. Ils le présentent de face au public.)

HOLMES :

— Ça va mieux, Watson ? Les policemen ont capturé notre homme, grâce à vous !

WATSON, étourdi :

— Heu. Que. Qu’est-il arrivé?

HOLMES :

Vous avez reçu un coup de gourdin.

WATSON :

— Aïe ! La bosse que j’ai ! Mais, monsieur Holmes ? Ne prétendiez-vous pas que l’homme était

gaucher ?

HOLMES:

— C’était un gaucher de «la main gauche», comme dit l’expression populaire.

WATSON :

— Ah.

HOLMES :

— Rappelez-vous ! Dans l’impasse ! L’homme que nous avions croisé marchait raidement.

WATSON :

— Raidement, je me souviens.

HOLMES :

— C’est parce que, pour nous abuser, il avait enfilé son pantalon devant derrière et boutonné sa

veste dans le dos. (Sur scène, les policemen présentent toujours l’individu de face, ce qui fait qu’on

voit le dos de sa veste et le derrière du pantalon.) Avec un masque sur la nuque, et en marchant à

reculons, il nous a fait croire qu’il avançait normalement. Regardez !

(Holmes fait se retourner le bandit: celui-ci porte un masque derrière la nuque; son pantalon et sa

veste sont boutonnés par derrière. On a l’impression que c’est un drôle de bonhomme,

de face. De plus, il porte ses souliers à l’envers.)

WATSON, indigné :

— Quel imposteur ! Mais ? Monsieur Holmes ? Etait-il gaucher ou droitier ?

HOLMES :

— Droitier !

WATSON, piteux :

— Vous disiez qu’il était gaucher !

HOLMES:

— Parce qu’il avait giflé l’enfant sur la joue droite ! Observez ! (Holmes fait

manoeuvrer l’individu de dos pour la démonstration.)

WATSON :

— Ah bon.

HOLMES :

Mais j’ai résolu l’énigme, Watson ! Avec ses vêtements boutonnés dans le dos, l’homme présentait

en fait deux apparences faciales. L’une, fausse, et qui gifla l’enfant — ce qui explique que le coup

porté de la main droite ait touché l’enfant sur la joue droite, et plutôt faiblement, vous me suivez ? (Il

procède à la démonstration en manoeuvrant le bras de l’homme.)

WATSON :

— Je crois que oui… (Holmes retourne alors le bandit dans le bons sens.)

HOLMES :

— Et l’autre face, la vraie celle-là, qui vous flanqua le formidable coup de gourdin que vous reçûtes,

et qui, asséné à droite et franchement, rencontra votre crâne avec autant de force que de précision.

(Les policemen emmènent le brigand.) Vous me suivez ?

WATSON : (ils s’en vont)

— Quelle affaire ! (il grimace de douleur) Ce que j’ai mal !

HOLMES :

— Vous devriez prendre de l’aspirine. Mal de tête égal aspirine.

WATSON, main sur la tête:

— Vous croyez ?

HOLMES :

— Elémentaire, mon cher Watson ! (Ils sortent.)

RIDEAU

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